Le métier de généalogiste
Le métier de généalogiste est de plus en plus convoité. De nombreux passionnés, jeunes ou moins jeunes, rêvent en secret de revêtir la casquette de Sherlock Holmes pour vivre d’enquêtes et de recherches inédites. Effet de mode, influence des nombreux reportages télévisés sur la profession ? Ce que l’on ne dit pas toujours, c’est que le métier est bien plus difficile d’accès qu’on ne le pense et que le généalogiste a souvent beaucoup de mal à boucler ses fins de mois.
Qui fait appel à un généalogiste ?
En règle générale, le généalogiste intervient soit auprès des notaires (dans le cadre d’une succession ou de la vente d’un bien par exemple), soit pour un particulier qui désire établir son arbre généalogique. Certains généalogistes sont cependant spécialistes dans des domaines bien particuliers qui peuvent aller de la généalogie foncière à l’héraldique en passant par la recherche de bénéficiaires d’assurances-vie, la localisation de personnes, etc.
A la télévision, ce sont néanmoins les chasseurs d’héritiers qui font l’objet des projecteurs et on nous fait souvent imaginer que le généalogiste mène une vie de dandy au crochet des ayant-droits qu’il retrouve et qu’il dépouille d’une partie de leur héritage.
Concurrence et rémunération du généalogiste successoral
Il va sans dire que cette version des faits est bien éloignée de la réalité. Les notaires règlent une grande majorité des successions sans l’aide de généalogistes. Et une poignée de gros cabinets de généalogie centenaires draine une bonne partie de celles-ci. Les généalogistes indépendants sont peu nombreux à se voir confier régulièrement des recherches d’héritiers, même si bien sûr à cœur vaillant rien n’est impossible. Des regroupements de généalogistes existent notamment pour tenter de contrecarrer le poids de ces mastodontes. La profession est peu, voire pas encadrée et peu surveillée. Les principaux cabinets ont souvent la main lourde en cadeaux et ils ont le réseau et les relations suffisantes pour éloigner tout concurrent moins bien armé. Heureusement, ce n’est pas une généralité et vous ferez peut-être partie des généalogistes honnêtes qui se font petit à petit une place dans le milieu à force de travail et de persévérance.
Pour le généalogiste successoral, les honoraires ne se révèlent cependant pas toujours exagérés. En effet, même s’il arrive qu’un généalogiste facture de 30 à 50% de la part d’un héritage, tous les frais liés à la recherche des héritiers sont souvent à sa charge et il a dû payer pendant plusieurs mois à l’avance les recherches, les déplacements ou les voyages qui l’ont mené au succès. Enfin, le pourcentage n’est en réalité par prélevé sur l’ensemble de la succession mais sur la part restant à chaque héritier après règlement des droits de succession à l’état (qui peuvent aller jusqu’à 60% des biens), de la rémunération du notaire, etc. Donc quand on s’imagine que, pour une succession de 200.000€, un généalogiste encaisse 100.000€, on est vraiment très loin du compte. Cependant, on ne va pas se mentir, les généalogistes successoraux gagnent bien mieux leur vie que les généalogistes familiaux.
Rémunération du généalogiste familial
Concernant le généalogiste familial, la rémunération de son travail est bien plus compliquée. En effet, de plus en plus de particuliers peuvent désormais faire leur arbre généalogique par eux-même. De nombreux outils sont disponibles en ligne ou dans les centres d’archives pour les aider à avancer. Et peu d’entre eux feront un jour appel à un généalogiste, au détriment hélas de la qualité des recherches… Et oui, les arbres collaboratifs, c’est super mais c’est aussi truffé d’erreurs que beaucoup s’empressent de recopier sans prendre le temps ni la peine de vérifier les informations collectées. Le généalogiste familial exerce souvent à temps partiel en plus d’un autre métier. Mais s’il arrive quand même à dénicher un contrat, il ne peut pourtant pas vraiment saler la facture. En effet, un particulier a souvent des moyens financiers moindres que les notaires. Cela limite donc tout autant la marge de manœuvre à facturer.
Comment devenir généalogiste professionnel ?
Le but de cet article n’est absolument pas de vous démoraliser ou de briser votre plus belle vocation. Mais il s’agit de vous mettre en garde et de vous aider à bien cerner la face cachée de ce métier, loin des paillettes auxquelles on voudrait parfois nous faire croire. Cela vous permettra peut-être de mieux vous armer pour faire face aux difficultés à venir.
Deux solutions s’offrent à vous pour devenir généalogiste professionnel. La première consiste à s’installer à son compte. C’est une idée intéressante pour mettre le pied à l’étrier. Cependant, il est difficile pour un débutant de trouver des contrats et d’obtenir les autorisations nécessaires à l’exercice du métier (carte professionnelle, consultation des actes récents, etc). L’autre solution consiste à trouver un poste de généalogiste salarié. Ces postes sont rares et très prisés, il faudra bien vous préparer et faire valoir votre expérience du terrain. C’est le meilleur moyen de vivre de sa passion au démarrage. Vous vous assurerez ainsi un salaire mensuel tout en ayant à disposition les moyens de travailler et les autorisations nécessaires. L’inconvénient : vous avez un patron et vous ne pourrez pas bénéficier de la liberté dont jouirait un indépendant.
En terme de salaire ou de revenus, ça sera le SMIC pour tout salarié débutant et encore moins que cela pour le micro-entrepreneur. Il faudra plusieurs années avant de pouvoir espérer plus. Il faut aussi avoir à l’esprit le temps passé à la gestion administrative, l’animation des réseaux sociaux, etc. Notons enfin que le généalogiste familial aura pour lui l’avantage d’être bien accueilli et d’apporter le sourire à ses clients. Là où le généalogiste successoral devra parfois faire face aux réserves mitigées des héritiers et à la froideur des salles d’attente des offices notariaux.
Formation de généalogiste ?
Existe-t-il une formation pour devenir généalogiste ? Oui et non. Plusieurs cursus existent bien sûr, mais ils s’orientent souvent vers la généalogie familiale. Par ailleurs, aucune formation n’est indispensable à l’exercice du métier de généalogiste. L’intérêt de ces cours est donc finalement relatif en terme de professionnalisation. Et même s’ils ont intéressants, il sont parfois aussi très chers. Pour devenir généalogiste familial, il faut surtout de la pratique, avoir écumé pendant des années les archives. Il faut connaître sur le bout des doigts la méthodologie de recherche, les classements des archives, les sources disponibles, etc. Il faut avoir baroudé de vieux registres en microfilms, de vieilles cartes postales en actes illisibles. C’est l’expérience qui fera de vous un bon généalogiste familial et une bonne connaissance de l’histoire et de la géographie. Bien sûr, il va sans dire que l’organisation, la persévérance et la logique vous aideront toujours dans votre quête.
Pour devenir généalogiste successoral, de bonnes connaissances en droit des successions ou en fiscalité seront également un réel avantage. Ce métier étant tout de même très technique. Si vous voulez avoir l’air crédible auprès d’un notaire, vous devrez maîtriser les bases du règlement des successions. Votre sens du relationnel sera également mis à rude épreuve entre les rendez-vous en offices notariaux et les rencontres d’héritiers. Enfin, la maîtrise de l’anglais et la connaissance éventuelle d’autres langues étrangères vous aideront indéniablement.
Réglementation et recherches
Le métier de généalogiste n’est pas vraiment réglementé. Il existe plusieurs chambres de généalogistes avec leurs propres chartes. Mais aucune institution ou fédération n’est officielle. Pour pouvoir exercer, il vous faudra une carte professionnelle et les autorisations nécessaires à la consultation d’actes récents. Les prix des adhésions varient beaucoup mais sont souvent très élevés. A croire que tout est fait pour démoraliser les nouveaux arrivants…
Une fois les bons outils en main, il vous faudra passer contrat avec un notaire ou un particulier. Puis il conviendra d’obtenir un mandat qui vous permettra d’effectuer les recherches au nom de votre client. C’est là que le métier devient intéressant et que les fouilles démarrent. Actes d’état civil, recensements, déclarations de successions, livrets militaires, inscription maritime, etc. Rien ne doit être laissé au hasard car le généalogiste n’a pas le droit à l’erreur !
Assurances, obligations et frais du métier de généalogiste
Si le généalogiste a une obligation de moyens et non de résultats. Il devra toutefois justifier l’absence de résultats le cas échéant. Par ailleurs, dans le cadre de recherches successorales, le généalogiste doit remettre une attestation au notaire afin de certifier que les résultats de ses recherches sont conformes à la réalité et qu’il supportera tous les frais liés à une éventuelle erreur. Ainsi, en cas d’oubli d’un héritier dans son tableau généalogique, les conséquences peuvent être dramatiques et le généalogiste doit impérativement se protéger à l’aide d’une responsabilité civile professionnelle. Cette précaution indispensable pourrait bien lui sauver la vie en cas d’erreur.
Par ailleurs, le généalogiste successoral doit souvent se munir d’une garantie financière qui rassurera les notaires et les héritiers. Ces assurances, en plus des frais bancaires, loyers, etc, ont un coût important qu’il faudra bien prendre en considération avant de se lancer.
Enfin, il ne faut pas non plus exclure de votre budget prévisionnel les frais postaux et les nombreux déplacements que vous aurez à effectuer dans le cadre de vos recherches. Ces derniers peuvent également représenter une part importante de vos dépenses. Il est aussi important de préciser que le généalogiste se rémunère généralement à la fin de ses recherches. Il doit donc avancer l’intégralité des frais et donc prévoir une trésorerie en béton.
Le métier de généalogiste: conclusion
En conclusion, le métier de généalogiste est avant tout un métier-passion dans lequel on ne doit pas se lancer en espérant faire fortune mais plutôt avec l’idée de vivre de ses envies et de se rendre au travail tous les jours avec la même soif de découvertes. C’est un métier qui nécessite de bien se préparer, financièrement et mentalement, et qui vous demandera probablement plusieurs années avant d’en vivre confortablement. N’hésitez pas à contacter des généalogistes professionnels afin de leur poser vos questions et de vous renseigner sur leur métier. Si la plupart se montreront peu enclins à vous renseigner, vous finirez probablement par avoir la chance de tomber sur une âme charitable qui vous donnera quelques bons conseils et deux ou trois astuces.
3 commentaires
Bonjour,
La formation de Nimes peut se faire en plusieurs DU. Des stages, facultatifs, sont possibles chez des généalogistes familiaux ou successoraux. Jusqu’à six mois de stage. Le 3e DU que nous avons mis en place comprend du droit successoral et une formation en généalogie successorale pratique, donnée par un généalogiste successoral.
Une reconnaissance RNCP est en cours.
Alors effectivement ce n’est pas obligatoire mais cela permet de tester pour ceux qui veulent en faire leur métier.
Bonjour Stéphane, tout à fait d’accord avec vous. Même si aucune formation n’est obligatoire pour exercer, aucune n’est inutile. De manière générale il me semble indispensable de se renseigner ou d’aller discuter avec les généalogistes déjà installés. Pour bien comprendre leur réalité mais aussi leur poser les questions auxquelles on ne trouve pas forcément de réponse par soi-même. La possibilité de faire un stage est précieuse pour approcher le métier de très près et d’en découvrir les différentes facettes.
Bonjour, il existe également d’autres formations pas forcément universitaires comme la European Academy of Genealogy.
Bien cordialement