Archives numérisées et arbres collaboratifs
« Accéder à l’état civil numérisé », « Visualiser les images », « Consulter la base de données », « Voir les actes dépouillés ». Aux prémices du XXIe siècle, la généalogie a pris un tournant digital décisif. L’accès aux registres et arbres collaboratifs en ligne permet aujourd’hui à chacun d’accéder à son histoire familiale en quelques clics. Les archives numérisées ont considérablement modifié le métier de généalogiste. Quel impact cela a-t-il réellement sur nos recherches généalogiques et nos pratiques? Quel avenir pour cette discipline et pour les nombreux généalogistes qui bourgeonnent aux quatre coins de l’hexagone ?
On considéra longtemps la généalogie comme un hobby de retraités. Inavouée lorsqu’elle était pratiquée par les plus jeunes, elle est aujourd’hui devenue tendance. La faute aux nombreuses émissions qui la mirent en lumière récemment et aux tests ADN dont tout le monde parle et s’entiche sans pour autant pouvoir en mesurer la fiabilité. Nous avons désormais tous un proche, une tata ou un cousin qui a tenté de retracer la lignée familiale. Il est désormais aisé de reconstituer un arbre sommaire en glanant des informations sur les nombreux sites collaboratifs qui foisonnent sur le net.
Vérifiez vos sources!
Cependant, si cette pratique a pour avantage de favoriser l’accès à nos histoires communes, elle présente aussi l’inconvénient de vulgariser l’information et d’inciter les jeunes néophytes à croire aveuglément les données récoltées sans en vérifier la source. Les arbres collaboratifs, dépouillements et autres bases de données sont mis en ligne par des bénévoles passionnés, un peu à l’image du site Wikipédia. Les informations qu’ils contiennent sont précieuses et représentent un gain de temps considérable pour le chercheur. Néanmoins, ils sont aussi truffés d’erreurs et de coquilles qu’il convient systématiquement de vérifier. Combien de fois avons-nous rencontré ces inexactitudes en ligne, pourtant reprises à l’unisson par la communauté des « recopieurs ». Cette pratique est d’autant plus dommageable qu’aujourd’hui une grande partie des registres d’état civil est numérisée et qu’il est relativement aisé de vérifier et d’indiquer ses sources.
L’histoire n’est pas à prendre à la légère et chaque détail compte. C’est une responsabilité commune qu’il faut bien comprendre avant de publier le fruit de son travail de recherche.
Et les généalogistes dans tout cela ?
La profession de généalogiste existe depuis des centaines d’années mais a toujours été un métier de niche. Elle connaît néanmoins un certain essor de par la promotion faite de la généalogie depuis quelques temps. Les nouvelles portes d’entrées qui s’ouvrent lui facilitent aussi l’accès. De plus en plus de passionnés se lancent à cœur perdu dans les demandes de stage ou les micro-entreprises. À tort ou à raison? Y a-t-il encore un avenir au métier de généalogiste? Les associations de bénévoles se comptent par centaines. L’accès aux informations en ligne est de plus en plus facile. Qui aurait besoin des services d’un généalogiste professionnel?
Détrompez-vous, car le généalogiste aura toujours à son arc une corde qui le rend incontournable : c’est un professionnel. De la même manière que l’on pourrait confier la construction de sa maison à un professionnel du bâtiment ou bien la monter soi-même brique après brique, le professionnel de la généalogie a ses accès et ses méthodes de travail qui lui permettent une efficacité et une rapidité de travail inégalées. De plus, il bénéficie d’autorisations spéciales pour consulter des archives parfois non-communicables aux particuliers.
Dans quel cas peut-on faire appel à un généalogiste ?
Les situations sont nombreuses : réalisation d’un arbre généalogique, recherche d’héritiers dans le cadre d’une succession… Ou encore pour débloquer une branche de son arbre ou pousser les recherches sur une personne en particulier. Si le généalogiste a accès, comme tout le monde, aux nouveaux outils numériques, il connaît aussi parfaitement les collections d’archives papier conservées par les mairies et les centres d’archives, parfois désertés par les nouveaux généalogistes en herbe. Il saura donc comment avancer là où vous ne trouverez pas la clef d’une énigme. Il saura vous conseiller et vous guider dans des recherches poussées. Même si son intervention a toujours un coût, il pourra approfondir les recherches là où un bénévole, aussi compétent et passionné soit-il, ne pourra pas passer des heures entières à vous épauler.
Quel avenir pour la généalogie?
Si l’avenir de la généalogie et du métier de généalogiste s’annonce bien différent des pratiques d’autrefois, il sera certainement passionnant. La numérisation des registres ouvre des portes vers d’autres sources documentaires à consulter en ligne ou sur place, dans les salles de lecture. Bien au-delà de l’état civil, ce sont des millions de documents qui attendent dans chaque centre d’archives d’être consultés. Nous n’aurons jamais fini d’écumer les traces du passage de nos ancêtres. Aujourd’hui, la Grande Histoire laisse place à la Petite Histoire. Celle de nos ancêtres, celle du «bas peuple » dont les conditions de vie et les parcours en disent souvent aussi long que nos livres d’histoire consacrés aux rois et aux grands événements.
Dans 500 ans nous n’aurons toujours pas fini de retracer la destinées de nos aïeux. Mais cela passe par un peu d’organisation et de discipline. Vérifiez chaque information lue sur un site Internet ou dans un relevé. Indiquez toujours vos sources. Soyez scrupuleux et méticuleux, par respect envers vos ancêtres dont vous ne voudriez pas écorcher une date de naissance ou un nom de famille. Travaillez avec tous les acteurs de la généalogie : vos amis passionnés, les internautes, les bénévoles, les associations et les généalogistes professionnels. Chacun d’entre eux vous apportera une aide différente et tout aussi utile. La généalogie vit un tournant de son histoire, à nous d’attraper le train en marche et d’adapter nos pratiques pour honorer le passé et préparer les générations à venir.
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